Coupures de presse - 24 juillet 2002

D'étranges formes géométriques ont été découvertes. Message interstellaire ou canular ?

L'été est une bonne période pour les ovnis. Les journaux n'ont pas beaucoup de nouvelles à se mettre sous la dent et, surtout, les céréales sont à maturation. Les céréales? Oui, car c'est dans les champs de blé que les extraterrestres nous laissent leurs messages. Messages que nous sommes bien en peine de déchiffrer. Après l'Angleterre, voilà donc que de mystérieux visiteurs s'attaquent à la Suisse.

Hansjörg Mangold, paysan de Böckten dans la campagne bâloise, a fait samedi matin l'étrange découvert. Dans son champ de froment, il a découvert une forme géométrique de près de trente mètres de long, dont les traits sont formés par l'aplatissement des plantes. La forme presque parfaite et l'absence d'autres traces ont laissé le paysan dubitatif. "Tout cela est bizarre."
August Wenzinger est tout aussi perplexe. Paysan lui aussi, mais à Unterehrendignen en Argovie, il a fait une trouvaille similaire quinze jours auparavant. La forme est plus complexe et de meilleure facture. "J'ai d'abord pensé à une blague de gamins. Mais je n'ai trouvé aucune trace, comme celle d'un rouleau qui aurait aplati les tiges", a-t-il raconté plus tard. Les gazettes locales relatent la chose, le Blick s'empare de l'affaire et même le Tages-Anzeiger lui consacre un article dans sa page Sciences.

L'affaire est donc sérieuse. Hissée au rang de phénomène, elle a d'ailleurs ses spécialistes, ses sites internet et son vocable. Les Anglais parlent de "corn circle" (NOTE: on dit "crop circle".), les Allemands de "KornKreise" et les français tente de traduire ces cercles de grains par géoglyphe ou argoglyphe.

Dans le sud de l'Angleterre, ils ont déjà défrayé la chronique il y a dix ans. Des douzaines de ces phénomènes sont apparus. Devant la sophistication de ces motifs, réalisés en une nuit, certains ont écarté d'emblée la main de l'homme. Alors, les explications les plus débridées ont surgi. Les géoglyphes seraient causés par des minicyclones, par une maladie due à des champignons, voire même par d'obscurs rayons en provenance de satellites. Les plus audacieux ont carrément pensé à des forces surnaturelles, voire extraterrestres. Mais en 1992, patatras. Deux sexagénaires britanniques ont avoué être les auteurs de cette farce.

Anomalies biologiques
Alors, gigantesque canular? En Suisse, ils sont une poignée à ne pas se satisfaire de cette version. Hans-Peter Roth, géographe et journaliste alémanique, est de ceux-là. "Il est fort possible que des hommes aient réalisé certains pictogrammes, comme celui de Bâle qui est loin d'être parfait. Mais ils n'ont pas pu effectuer en une seule nuit les plus compliqués. A moins de détenir une technologie inconnue." il ajoute que des analyses ont fait part d'anomalies biologiques sur les blés concernés et que leur radioactivité est anormalement élevée. Hans-Peter Roth n'a pas de réponse, mais ne veut "rien exclure".

A sa connaissance, un seul laboratoire américain étudie ces phénomènes. Le reste de la communauté scientifique semble mépriser le sujet. "Depuis les soi-disant aveux des Anglais, ils ont peur e se ridiculiser", suppose Hans-Peter Roth.

Qu'importe. Il y a deux ans, son bouquin consacré au "Korn-Kreise" a été vendu à 40 000 exemplaires Outre-Sarine et s'apprête à être traduit en anglais. Et le film américain Signs, qui sortira à l'automne, montre un Mel Gibson paysan confronté au phénomène. Cités dans le Tages-Anzeiger, les distributeurs du film assurent qu'ils n'ont rien à voir avec les étranges apparitions dans la campagne alémanique. Le mystère demeure.